Les Ardennes vues du ciel

Paramoteur

Octobre : François THIRRIOT a accepté de présenter 25 de mes photos en grand format dans la galerie de son cinéma. Je le remercie non seulement de me donner l'occasion d'être visible dans le lieu culturel le plus fréquenté des Ardennes mais aussi pour s'être investi dans le choix du thème et des photos et bien plus encore en créant des textes adaptés à chaque photos.

Cette série vous dévoilera semaine après semaine les photos et textes présentés au METROPOLIS.

Vous trouverez ci-dessous le texte d'introduction de François THIRRIOT .

ENVOLS

Il suffit de déplier délicatement la voile sur l’herbe, avec beaucoup de précaution. On vérifie bien les suspentes fines, ces fils minuscules qui vont permettre de rejoindre le ciel et plus tard d’en redescendre. Il ne reste alors plus qu’à lancer l’hélice et courir à grandes enjambées. La grande voile prend un peu d’air. Elle prend sa forme. Elle résiste un peu sur l’horizon et tire fortement sur les épaules mais se lève rapidement pour vite venir vous coiffer dans une légèreté incroyable à condition que l’effort des grandes enjambées ait été bien poursuivi. En une fraction de seconde les pieds ne sentent plus la terre. Il y a un peu de bruit derrière soi, mais on finit par l’oublier. On est alors happé par le ciel dans lequel on se sent vite bien. Le vent siffle, l’allure est agréable, pas plus rapide que celle d’un oiseau. C’est une allure qui vous permet de voir les choses lentement comme un promeneur en montagne, en plaine ou même en ville. Pas après pas. Il suffit de regarder. De se laisser le temps. Sauf qu’on ne marche plus, qu’on est un peu plus haut et qu’on se laisse glisser dans l’air, dans tous les airs différents, celui de l’été aux tourbillons chauds qui vous secouent un peu et celui de l’air vif de l’hiver bien calme qui fouette un peu les joues. On est parti après avoir tiré de ses épaules la grande voile, et il n’y a plus rien sous les semelles, sauf de l’air. De véritables semelles de vent ! On se retrouve alors là, dans l’air, après l’envol. On peut n’y être venu pour rien, juste comme ça, juste pour voler, se sentir comme un oiseau un peu emprunté et gauche, caparaçonné d’une solide parka ou simplement protégé par un léger coupe-vent. Mais on peut aussi se dire qu’il serait bien de rapporter certaines petites choses qu’on a vues de bien haut.

Jean-Michel Benoît m’avait prévenu. Il n’était pas photographe. Il me l’a dit plusieurs fois. Il martelait dans une grande douceur qu’il ne le serait sans doute jamais. J’ai compris qu’il ne fallait surtout pas le contredire. Mais j’ai surtout compris qu’il avait besoin de montrer les petites choses qu’il avait vues, toutes ces petites choses qui l’avaient amusé, celles qui l’avaient ému par leur simplicité et celles nées du hasard pur. Il volait et ramenait dans sa besace les petites choses de la vie vues d’en haut. Chaque envol dépendait d’un nombre important d’incertitudes dans lesquelles il ne fallait pas s’aventurer et il arrivait souvent que l’envie soit clouée au sol. Mais quand le ciel le permettait, que les pieds ne devenaient tout à coup plus que des semelles de vent, le plaisir était immense.

François THIRRIOT

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